La résonance avec l'actualité pour un thriller classé art et essai comme le 'Deephan' d'Audiard est frappante. C'est le même sujet : l'accueil fait aux immigrés dans nos banlieues parisiennes qui est au coeur de ce film coup de poing 'Brooklyn' sorti en 2014. Le cinéma français s'intéresse à son époque- ANALYSE d'un film violent, poétique et rebelle.
Comme son titre ne l'indique pas , Brooklyn est avant tout un film sur le HIP HOP. Entièrement tourné à Saint-Denis, en région Parisienne, ce n'est ni totalement une comédie légère ni totalement un drame social qui raconte les galères du quotidien d'une jeunesse, mais un film basé sur l'amour de la musique et le message qu'elle transcende.
Coralie, une jeune rappeuse suisse de 22 ans- qui se produit sur scène sous le nom de Brooklyn. Elle quitte son pays et un père qui ne la comprend plus, pour s’installer à Paris. Logée chez Odette, une retraitée, elle trouve un petit job dans une association musicale de Saint-Denis, en banlieue parisienne. Lors d’une soirée slam, elle est poussée sur scène par l’un des animateurs. D’abord hésitante, elle conquiert son public et tape dans l’œil d’Issa, jeune rappeur, l’étoile montante de la ville.
Film auto produit, en partie financé en crowfunding, sans comédiens professionnels, mais de vrais rappeurs (comme RAFAL UCHIWA, le rappeur ninja de Saint Denis), ce film tourné avec un peu d'argent puisse sa force dans son "mode guerilla" : équipe légère, dialogues improvisés, pas d'autorisation de tourner. Un pari fou qui a rencontré le succès dans nombre de festivals dont Cannes à la sélection ACID (association du cinéma indépendant pour sa diffusion- une sorte de sélection parallèle).
Un premier film d'un réalisateur qui rend "HOMMAGE" à la création artistique en banlieue- . Le réalisateur a voulu raconter ce vivier d'artistes – vu qu'il vit lui-même à Saint-Denis. On suit une Association de musique comme le microscope de notre société et à travers une CULTURE sous-estimée et négligé dans le cinéma. KT GORIQUE, l'actrice principale, a été consacrée championne du monde d'improvisation Hip Hop à End of the Weak à New York en 2012 et est la seule femme a avoir reçu ce titre jusqu'à présent.
Le réalisateur cite comme référence John Cassavetes ('Une femme sous influences'), Ken Loach, et partage une vision « naturaliste » du cinéma. On sent l'influence américaine dont le choix d'un titre provocateur comme 'Brooklyn' pour parler de Saint-Denis : le modèle de réussite de la jeunesse française influencé par la réussite à l'américaine, surtout celle de l'Amérique afro-américaine ( avec ses mythes de l'auto-entrepeneur, de la solidarité et du bling bling et de l'argent facile) - et à l'opposé de ça, le film aborde une réflexion critique sur l'idéologie capitaliste- et de la confusion des idéaux.