La fin des temps est proche, les terres d'Arran peuvent disparaître, détruites par une horde de goules. Après avoir arpenté pendant 15 tomes ces terres devenues emblématiques de la nouvelle bd fantasy française,"Rouge comme la lave" marque la fin du premier arc narratif de la série. J.L. Istin réunit en un seul tome l'essentiel de ses protagonistes vers une fin attendue, car, face à ce cataclysme annoncé, les membres les plus éminents des Elfes sont présents, allié au désormais mythique Redwin le Nain. Ceux qui n'auront pas entamé ou achevé ce premier cycle ont-ils des raisons d'investir dans cette série titanesque, contant 26 tomes jusqu'à présent ?
L'histoire, menée à bâton rompu, nous amène à découvrir sous un nouveau jour le passé de LAH'SAA, la grande méchante meneuse d'une horde goules. Le tout se veut épique, et à grand spectacle, mais condensé le résultat de tant d'intrigues entremêlés était une gageure, dont Istin se sort avec un certain brio. Malheureusement 66 pages, c'est bien trop court, surtout si on veut tout résoudre et expliquer d'un coup. Avec un scénario alambiqué où le scénariste se fixe comme objectif de nous apprendre la véritable origine des motivations de l'elfe nécromancienne, on a l'impression d'un album trop touffu, qui noie le lecteur sous une surcharge de nécessaire explications qui arrivent en surabondance et, que s'il ne satisfait pas le plaisir du lecteur par sa maîtrise narrative, il lui offre au moins le plaisir de comprendre les vieux rêves de vengeance d'une nécromancienne qui nous aura balader 15 tomes durant.
Usant toujours efficacement d'une voix off nous plongeant dans les pensées d'un personnage, le début de l'album résume l'avancée de l'intrigue ainsi [SPOILER] : "Que sait-on jusqu'à présent de Lah'saa ? [...] il y a plusieurs siècles, elle convoitait les terres d'Arran. Elle les aurait envahis si un mage du nom de SLOVTAN ne s'était interposé. [...] Il consuma sa chair, mais l'esprit de LAH'SAA survécut dans ses reliques. [...] Depuis, l'Elfe progressait vers le sud, obsédéeé par une seule idée, s'emparer de la citadelle des elfes noires, Slurce et régner sur les terres d'Arran."
Les ouvrages de cette série sont beaux, certains albums donnant l'impression de remplissage, et que la direction artistique cherche parfois où aller. Le constat reste étrangement le même pour cette fin de cycle, qui se relance avec une fin ouverte dans un nouvel arc narratif. Les Elfes restent la série la plus grand public, la plus conventionelle, usant de personnages iconiques tel qu'on s'attend qu'il soient, touchant certainement un large panel de lecteur autant en âge qu'en diversité ; une ligne directrice voulu certainement par l'éditeur Soleil. Heureusement, la série NAINS, avec son insolence et sa gouaille, est beaucoup plus adulte dans les thématiques abordées, et tellement mieux maîtrisées. Les seules exceptions à ces remarques restent d'importance : le traitement des Elfes noires qui, à mon sens, sont réellement les plus malsains que j'ai croisé dans ce genre (voir la critique de 'Noirs écailles' tome 20 ici ) et les Elfes Blancs qui exprime vraiment une réelle magie, comme gardien du passé et des savoirs, offrant un regard mythisque et souvent poétique à ce peuple, avec tout le recul qu'apporta le tome 19 à ce sujet (voir la critique de 'L'ermite de l'Ourann' ici ).