Une plongée dans les eaux azurs aux côtés de la jeune et innoncente Cleeris, de l'île de Naäke, peuplée d'intrépide pêcheurs de perles d'huîtres gigantesques et sauvages, voilà qui nous éloigne un temps des complots millénaires qui planent au-dessus des Terres d'Arran ? Pas pour longtemps, comme le montre le lourd secret concernant toute le peuple Semi-Elfe qui va nous être dévoilé dans ce tome 19, plutôt réussi, de l'immense saga Elfes, publiée par l'éditeur Soleil.
Cleeris quitte sa petite île perdue au milieu de l'océan, quelques part au large des côtes de l'Empire de Dumn, pour partir à l'aventure, engagée par deux énigmatiques elfes Blancs. Et comme elle, nous allons sortir de la routine habituelle du lecteur assidu de la saga Elfes, grâce aux superbes couleurs caribéenne de l'album, embarquant pour une odyssée à bord d'une nef elfique fendant les flots vers TREEH'VELL, le port de commerce animé de la cité des archipels, au sud de Tarascon. Le dépaysement est assuré dès les premières pages jusqu'à l'arrivée d'ORUNTH'AL et sa soeur TEI-NOOH, la paire la plus sexy et badass de SEMI-ELFES vues jusqu'à présent dans cette série. Et avec eux, l'épisode devient plus sombres, remplie de défiances et de manigances. Les Semi-Elfes sont vus comme des bâtards, issus de l'union de parents de deux peuples différents et subissent tous les préjugés raciaux liés à la traditon.
Les Boranns, mercenaires de Boranie, peuple habitant d'une île à l'ouest de l'OURANN, le Pays des Vents, sont excellents marins voguant sur des drakkars et guerriers sans pitié,. Grâce à eux, les SEMI-ELFES se sont emparés d'une vieille érudite et nourrice de la pauvre Cleeris. La disparition de l'érudite serait le premier "incident' d'un présage inquiétant les elfes bancs car il pourrait avoir des répercussions pour toutes les races elfiques et le deuxième 'incident" doit les amener à retrouver un ermite installé en OURANN, soit en plein coeur des territoires orcs, un pays au massif accidenté et au climat éprouvant.
Comme le scénariste Jarry l'avait fait dans le tome 17 des Elfes, au sujet de la nature des Elfes Noirs de sombres meurtriers dès la naissance, Cobeyran questionne la morale, et ici l'idée de race et de métissage, dans une étrange parallèle avec l'actualité et ses mouvements de lutte contre le racisme. C'est une thématique récurrente des elfes des Terres d'Arran : la couleur de la peau, la notion de race évoquée notamment par Turuk, l'orc issu lui-même de l'union d'une elfe et d'un orc (*voir Orcs et Gobelins tome 1 et Elfes 21). Avec une fin trop abrupte, précipitée en quelques pages, lorsque les masques tombent, posant la question de l'identité des vrais méchants. Une conclusion trop hative et peu subtile qui gâche le plaisir, laissant par contre planer un suspense haletant sur la survie de quelques personnages attachants. Et c'est la consternation au bout de 56 pages que l'éditeur n'ait pas offert une pagination supérieure (comme quelques fois elle a été accordée à Jarry pour la série NAINS), afin que la lecture de 'L'ermite d'Ourann' puisse passer du statut de bon à très bon.