Inspiration japon : la bd Isabellae de Raule et Gabor

Japon, 1192, Sept ans après la bataille navale de Dan-no-ura, qui marqua la victoire des Minamoto sur les Taira et la fin de la guerre de Tempei et l'ère fameux d'Heian, soit "paix" en japonais et qui a vu Kyoto devenir la capitale - un âge d'or pour la culture et l'art japonais. Isabellae est la fille d'un samurai du clan Taira et d'une sorcière irlandaise.  Elle vit donc à l'époque du bakufu de Kamakura - un gouvernement militaire féodal qui voit la domination du shogunat de Kamakura, considéré comme le moyen-âge japonais. 

Si je ne suis pas fan des dessins de Gabor - on ne peut que reconnaître le dynamisque de la narration qui colle parfaitement au scénario de Raule qui lui est d'une efficacité imparable. Le scénariste instaure dans les deux premiers tomes un rythme soutenu où chaque case nous fait découvrir le destin atypique de cette samurai qui n'a pu exister. 

Le pari est assez fou, choisir une femme d'origine mixte et appartenant à la classe des bushi parait improbable, mais il nous entraine dans une aventure palpitante. Les auteurs se sont documentés sur la période, et pour une fois, nous ne sommes pas cantonnés aux îles du Japon, car le pays est alors ouvert aux influences extérieures (avant de renfermer au XVI ème siècle sous l'ère Edo). On y croise donc des pirates chinois, des tamoules de l'inde ou du Sri Lanka. La vie quotidienne évoquée en quelques cases : vieille femme à moitié aveugle accro au saké, brigands désespérés etc. s'écrit au file des pages, nous plongeant dans cet univers si exotique. 

Le premier tome est sorti en 2013, j'avais aperçu à plusieurs reprises la couverture du premier tome sans être plus tenter que ça par l'esthétique peut-être trop manga à l'européenne pour moi (oui, je sais, shame on me). Je rattrape mon retard, et à la lecture du deuxième tome je suis enchanté de constater que le tome 6 est sorti en 2017, ce qui me laisse supposer que la série est terminée, et que surtout elle ne dure pas 50 tomes (hein, mes chers Elfes & Nains).  

S'il ne s'agit pas d'un "manfra", la patte des auteurs espagnols est surprenante et j'espère découvrir leurs autres oeuvres qui j'imagine seront tout à fait du même niveau. Qui suit le travail de Raule et Gabor ? Cela continue d'être bon pour la suite, communément ou individuellement ?